Léa entra dans le foyer. Elle n'arrivait pas à dormir, sa joue qui portait une cicatrice pas franchement visible lui faisait pourtant très mal. Elle s'assit sur un pouf. Elle sortit son portable, ses écouteurs et elle écouta sa musique. Elle ferma ses yeux, juste pour se reposer, elle ne dormait pas...

La nuit... Celle-ci aurait pu être bien si elle avait duré... Mais rien. J'ai pourtant l'impression d'avoir eu un sommeil très lourd, très réparateur. Malheureusement, ce sont seulement deux pierres au niveau des jambes que je sens à présent. Oui, parce que je me suis cogné contre des étagères.
Histoire de tuer l'ennui, je me suis décidé à descendre au foyer. J'espérais me retrouver seul, pas avec une demoiselle dormant sur un pouf. Sans prendre de gants, je lui tapote l'épaule pour qu'elle ouvre les yeux.

"Eh, tu fais quoi ici ? C'est pas une heure pour faire la sieste..."

Je sursaute, j'ouvre mes yeux et remet en un réflexe rapide mon portable et mes écouteurs dans ma poche. Je lève les yeux vers le jeune homme qui m'a sans hésiter tapotait l'épaule. Je me dit intérieurement que sa façon de commencer un dialogue est...très douce. Non, vraiment, il m'a fait peur en parlant comme ça. Mais je suis vite revenue sur terre en sentant la douleur sur la joue. Instinctivement, je pose ma main sur ma joue tout en répondant au jeune homme.

" J'arrive pas à dormir, et apparemment je ne suis pas la seule. Et je ne dormais pas, j'écoutais ma musique les yeux fermés. "Lui dis-je lentement.

Je me relève même si je sais qu'il me dépasse d'une tête au moins. Je l'observe du bas vers le haut.

" Je... Je m'appelle Léa, et toi ? " je lui demande en tremblant.

Elle a un problème ? Déjà, ça se fait pas vraiment de détailler les gens comme elle vient de le faire, en plus, elle tremble, et encore, on dirait qu'elle a une douleur à la joue. Ou aux dents, je n'en sais rien. Je soupire en la regardant.

"Matthias. Sans vouloir me mêler de ce qui me regarde pas, il t'est arrivé quelque chose à la joue ?"

Ok, j'ai envie de m'en mêler.

"Et je vais pas te manger, tu sais."

D'accord, d'accord, ça se voit, je suis pas du tout à l'aise avec les garçons, j'ai peur des garçons, de leurs muscles, et tout ça. En fait, je sais pas si je tomberai amoureuse un jour. Enfin bref. Il veut savoir ce que j'ai à la joue ? Si je lui dis il va se foutre de moi... Mais bon, voyons voir...

" Je me suis fais recoudre la joue car je m'étais ouverte... En trébuchant dans les escaliers..." Lui dis je en me détendant.

En... Elle est sérieuse ?? Je peine à me retenir de rire devant sa déclaration. Il existe encore des gens doués à ce point ? A ce rythme là, ça peut devenir dangereux pour sa vie. Je laisse échapper mon hilarité malgré mon envie de ne pas trop me moquer, c'était trop dur.

"Vraiment ? T'es maladroite !"

Je respire un bon coup, question de retrouver un peu de calme...

"Excuse, c'est juste que j'imagine ta chute. Mais c'est pas drôle, je le sais."

J'ouvre la bouche pour me défendre mais je suis emporter par le rire de Matthias, et je souris. Il est sympa en fait.

" Ça va, je sais, je suis extrêmement maladroite, mais le pire, je t'ai pas tout dit... En fait, si je suis tombée, c'était parce que j'étais morte de fatigue... "

En fait, je me demande si il se rend compte que c'est la première fois que je confie des trucs de se genre à un garçon, et en plus que je viens de rencontrer. Je me sens bizarre tout à coup... Et quand il s'excuse, je sors naturellement.

" Non, t'excuse pas, t'as raison, c'est drôle quand tu y réfléchis. Mais quand tu réfléchis encore plus, tu te rend compte que ça fait mal aussi ! " m'exclamais-je tout en tenant ma joue qui me faisait de plus en plus mal.

Je retenais avec justesse mais petits cris de douleur, tellement je ne sentais plus ma joue...

Je rit légèrement à son aveux. De plus en plus étonnant, elle semblait pas si gaffeuse, quand elle écoutait sa musique sur le pouf ! Le pire, ça a dû être pour les gens qui étaient autour, s'il y en avait. Voir une fille se casser la gueule dans les escaliers, parce qu'elle est fatiguée, ça doit faire bizarre. Le pire,  c'est quand c'est elle qui dit la raison. Sans prévention, j'écarte sa main de devant sa joue pour regarder les dégâts.  

"C'est pas en mettant ta main dessus que tu sentiras du progrès. T'as nettoyé au moins ?"

Je ne me soucis pas d'elle, hein... Juste un peu. Enfin, j'ai surtout pas envie d'entendre piailler alors qu'on est la nuit. Déjà, elle parle, c'est cool. Heureusement qu'elle est pas restée comme tout à l'heure.

Je me mis à rigoler. Franchement, je m'attache un peu à lieu, de plus en plus, et je crois que lui aussi.

" Mais idiot, je suis allez à l'hôpital. Ils m'ont recousu la joue, alors tout est propre... A la la la, tu réfléchis pas trop là ! "

Je me suis mise à sourire...

Me sentant un peu con, je passe une main dans mes cheveux, pour me rafraîchir le cerveau. Elle l'a pas indiqué clairement, aussi, et vu sa tête, je ne pouvais pas le deviner. Je lui fais une pichenette sur le front en souriant.

"Ça va, ça va... J'avoue que je suis à la ramasse, mais t'as pas l'air d'être en super forme non plus. Et tu m'expliques comment je suis censé savoir que t'es allée à l'hosto ?"

Finalement, j'suis content d'être tombé sur cette fille plutôt que d'être resté seul.

Je souris. Il est pas idiot, c'est juste qu'il manque de mémoire. Je ne lui dis rien quand il me donne une pichenette sur le front.

" Eh bien, si tu as bonne mémoire, quand tu m'as demande ce que j'avais à la joue, je t'ai dit qu'on m'avais recousu, tu crois que je m'amuse à me recoudre toute seul ?... "

J'ai éclaté de rire, un rire doux et délicat, un rire sympathique, pas méchant, ni moqueur.

" Non, j'avoue, j'ai fait nuit blanche... "

Je me sens bien en sa compagnie. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours, je suis à l'aise, je me sens comme avec ma famille, c'est comme un meilleur ami...

Ah... Oui... Ben là... La main qui lui a fait la pichenette revient très rapidement vers moi pour un facepalm. Je marmonne plein de saloperie avant de lui répondre clairement.

"La mémoire, on va oublier, ok ? Je m'en rappelle, maintenant que tu le dis, mais j'avais complètement oublié. Oh, et, se recoudre soi-même, c'est pas terrible mais faisable."  

Elle a un joli rire, un genre de rire où l'on peut pas rester sans sourire en l'entendant.

"T'avais trop mal pour dormir ?"

Je souris. Il marmonne, plein de mots que je ne comprend pas, forcément.

" Faisable ? Ok, mais à mon avis, le résultat sera absolument horrible... "

Il sourit. Est ce qu'il aime mon rire ?

" Oui, c'est ça, et toi, pourquoi tu dort pas ? "

Je ris quand elle donne son avis sur le résultat possible. Elle a raison, mais c'est essentiellement horrible pour les yeux.

"Ça l'est, j'ai déjà testé."

Mon rire s'éteint assez vite en entendant sa question. J'ai rigolé quand elle a dit être tombé dans les escaliers, alors si je lui réponds que je suis ici pour m'être pris des meubles dans les jambes...

"A la base, je dormais très bien... Et puis... Je me suis cogné contre une étagère."

Autant ne pas mentir, elle a bien expliqué la raison de son mal tout à l'heure.

Mes yeux bordeaux s'ouvrent plus grand.

" Je n'imagine même pas le résultat !... "

Quand je vois qu'il s'assombrit, je regretter un peu ma question, je ne veux pas le gêné. Mais il répond.

" Tu vois, on est pas mieux nous deux ! " dis je en rigolant.

J'avais pas fait gaffe à la couleur de ses yeux, ils sont magnifiques. C'est pas commun, en plus.

"C'est dégueu. En plus, j'ai fini à l'hôpital, ce jour-là."

Je ris en secouant la tête.

"Moi, j'ai pas eu de points de suture ! Mais j'avoue que t'as pas tort... Elle est génial l'équipe de bras cassés qu'on forme, tu trouves pas ?"

Je frissonne, puis sourit.

" Mon pauvre, fallait pas tenter... "

Puis j'ajoute en riant.

" Ouais elle est super, sérieux, mais... Elle va pas nous servir à grand chose cette équipe de bras casser... "

J'éclata de rire, et sans vraiment m'en rendre compte, je lui fait câlin, je me sert contre lui. Quand je me rend enfin compte que je suis coller à Matthias, je recule d'un pas.

" Je...je suis désolé, je me suis laissé aller... Vraiment, désolé... "

J'avoue me retrouver perdu le temps de son étreinte. Non pas que ce soit déplaisant, au contraire, mais ça surprend énormément... ! Alors, s'il fallait que je réponde quelque chose pour ses précédentes phrases, je pense que ça ne s'impose pas. Et puis, je le lui rends, son câlin.
Je ris en l'entendant bredouiller.

"T'excuses pas, c'est une bonne surprise ! Mais euh... Je m'y attendais pas du tout."

Elle n'a pas besoin d'être désolée, j'ai bien aimé !

Je fus très surprise. Oui, car il me refit un câlin. J'avais eu du mal à le croire. Et puis, au final, je me met à rigoler aussi, emporter par son rire.

" Moi non, plus je ne m'attendais pas à ce que tu me le rende. "

J'ai bien aimé son étreinte. En fait, je me sens de mieux en mieux avec lui.

" Je suis contente de t'avoir rencontrer " dis je après quelques instants de silence.

Sincèrement, je ne pensais pas le lui rendre ! C'était... son geste a entraîné  le mien naturellement, mais je pourrais pas expliquer pourquoi.  C'est déstabilisant, en fait. Je souris à ses dernières paroles. Heureusement qu'elle a brisé  le silence.

"Moi de même. Je pensais  pas que te parler entraînerait ça !"

Je m'étire puis la regarde.

"Ça t'est venu comme  ça, le câlin  ?

Léa sourit aussi. Elle commencer à vraiment adorer Matthias. Elle se sentait toute bizarre avec lui.

" Ouais, en fait on se ressemble trop, et on est tous les deux aussi maladroit... "

Il s’étire et moi je rigole.

" Ouais ça m'ai venu comme ça... " dis-je très gênée.

C'est  vrai qu'on se ressemble sur certains points... Je dois me faire des idées, mais j'ai  l'impression qu'elle m'apprécie beaucoup. C'est  réciproque, mais je me vois pas lui balancer  mon avis en pleine face ! En tout  cas, ça  nous  fait une rencontre génial à  tous les deux si elle partage mon opinion. Non pas parce que je suis super, mais  elle oui.

"Qui se ressemble s'assemble ! Mais on dit aussi que les opposés s'attirent."

Cette phrase m'est venue comme ça.

"T'es genée ? Faut pas."

Je sens qu'il m’apprécie aussi. Rien que ça, ça nous fait un point commun en plus.

" Oui, on ne peux pas vraiment savoir laquelle est la mieux, mais la première nous va très bien ! "

Puis j'ajouta, en rougissant un peu.

" Oui, je suis gênée... Et il y a de quoi, j'avais pas de raison à te faire de câlin... "

Personnellement,  j'ai jamais cherché à vérifier l'une ou l'autre de ces phrases.

"Tu trouves ?"

Je ris en la voyant rougir, ça la rend trop mignonne.

"C'est vrai, mais ton câlin nous a pas tué. Je te l'aurais dit si y'avait eu un problème."

Je souris. Je l'apprécie vraiment de plus en plus, je crois même que... que je suis amoureuse. Et là, j'en suis sûre. Je ne me suis jamais autant confier à un garçon, je ne me suis jamais sentis aussi bien avec un garçon. En plus, j'ai l'impression de ne pas être moi, comme si moi, Léa, j'avais changé juste en parlant avec Matthias. D'habitude, je suis timide, très timide. Si j'avais été moi, je serai ester assise, toute timide sur le fauteuil, j'aurai bégayé. Là, j'ai pris de l'assurance, et je m'en suis rendu compte.

" Oui. Je trouves. "répondis-je, perturbée par mes découvertes intérieures.

Me reprenant, je lui répond.

" Eh, te moques pas ! C'est sûr, quand tu vois une personne faire un câlin à quelqu'un et qu'il meurt, tu m'appelles... Mais, ça ne t'as pas gêné ? On viens juste de se rencontrer et... "