Il ouvre doucement les yeux. Cela devait faire bien plus d'un mois qu'il n'avait pas dormi dans un lit, et jamais dans un aussi confortable. La petite princesse qui le lui a permis dors encore, délicieusement roulée en boule contre lui, ses mèches d'or encerclant son visage de poupée.

Ils avaient d'abord mangé. Elle était très bonne cuisinière, il s'en souvenais encore. Ils avaient beaucoup ris. C'était pas mal chamaillé. Il avait accepté le canapé et y avait passé une bonne partie de la nuit jusqu'à ce qu'elle débarque. En nuisette blanche bien trop courte pour être raisonnable, apeuré par un cauchemar stupide.
Il ne l'avait pas touchée par il ne savais quel miracle. Ils avait discuté. Assis sur son lit, puis allongés, jusqu'à ce que le sommeil vienne les prendre. Une nuit magique.

Il tends les doigts vers ses mèches de lumières et s'amuse un moment à les caresser. Puis se lève à regret et se dirige dans la cuisine. Il n'a jamais rien préparer à manger de sa vie...il faut croire qu'il y a une première à tout...

Lorsque je me réveille, une odeur curieuse vient me taquiner le nez. Et des vêtements masculins sont étalés un peu partout dans la chambre. Je me souviens de la nuit, et je me précipite dans la cuisine, m'y attendant presque à y trouver un carnage.

Je n'en était pas loin, mais c'est un carnage d'un autre genre que celui auquel je m'attendait. De la farine jonche le sol et la table, des ustensiles de cuisines se baladent partout. Et au milieu de tout ça, couvert d'ingrédients de toute sortes, le type de l'autre soir fait brûler des crêpes. L'image et si drôle que je sens le fou rire me prendre. Ecroulée par terre sous sont regard ébahis.

Je met cinq longues minutes à me reprendre.

"- Tu n'as jamais cuisiné de ta vie ou..."

Sa mine renfrognée en dit long. Je ris encore, l'oblige à s'assoir. Je range rapidement la pièce et fait cuire les crêpes moi même avant de nous les servir. Il boude.
Je ris, dépose un baiser sur sa joue et entame mon déjeuner.

"- Tu es un bel idiot. Mais merci quand même"

Nous discutons encore un peu. Je lui dis qu'il peut rester, qu'il est ici chez lui puis je sors faire des courses. Non sans lui avoir fait promettre de ne rien cuisiner à nouveau.

Ce garçon me plait. Vraiment...

Il était confortablement installé sur le canapé, à étudier une émission de cuisine avec un regard curieux lorsqu'il entendit teinter les clés. A la manière, presque, d'un chien attendant le retour de sa maitresse il leva la tête imédiatemment et fixa la porte 
Ce qu'il y vit ne lui fit pas tellement plaisir sur le moment.
La petite fille était "sale". Il etait a peu près certain d'avoir déjà croisé sa cape quelque part. Une autre sdf ? Rosa se prennait elle pour une maison d'acceuil ?

"- Bonsoir ?" fit-il simplement, attendant une explication

Après un dernier examen à l'hôpital, je ramenais ma petite protégée chez moi. Aloïs, nous regarda de manière étrange mais je me dispensais de tout commentaire en répondant simplement.

"- Bonsoir."

Avant de me retourner vers Cassis.

"- Fait comme chez toi je vais aller nous préparer quelque chose à manger."

J'entra à la suite de Rosa. Je ne vis pas le jeune homme assis sur le canapé. Je regarda Rosa, puis observa lentement autour de moi. Mes yeux passèrent sur le canapé et stoppèrent sur Aloïs.

" Je t'es déjà vu toi, dis-je simplement "

Voyant Rosa se diriger vers la cuisine, Alois haussa les épaules comme toute réponse à la gamine et la laissa sans un mot de plus pour aller aider Rosa.
Mais qu'est ce que je crois être entrain de faire ? se demanda-t-il tout en sortant une planche à découper et s'acharnant sur les poivrons. Ce n'est qu'une gosse dont Rosa à pris pitié, c'est pas comme si on pouvait appeler ça de la concurrence ...Mais malgré cela, il restait agacé, sans vraiment en connaitre la cause il lui semblait être jaloux de cette gamine. Il ne voulait pas s'avouer que le fait que Rosa l'avait ramenée ici voulait peut-être dire qu'elle avait eu tout simplement pitié de lui comme elle avait eu pitié d'elle. Il ne voulait pas se dire que pour elle, il n'était peut-être personne de spécial. Il se concentra encore sur les poivrons, commençant à les réduire en charpie.

"- Hey mais qu'est ce que tu fabrique ?"

Je me retournais, rieuse, pour observer Alois qui avait probablement voulu m'aider et était actuellement entrain de transformer les poivrons en une bouillie rouge moyennement appétissante. Je lui pris doucement la main pour lui montrer le bon geste mais il la dégagea aussi sec presque brusquement et lâcha un "Je vais faire un tour" sur un ton boudeur.
J'haussai les épaules sans vraiment comprendre sa réaction, et terminait mes spaghettis sans toucher au poivron inutilisable. Je mis ensuite la table pour deux ne sachant pas quand il rentrerai et y appelait Cassis d'un ton joyeux.

"- C'est prêt !"

Il quitta la maison, fusillant au passage la gosse du regard, claquant la porte derrière son passage. Il était clair que Rosa avait pitié de lui, et maintenant elle le traitait comme un gosse de huit ans à qui on apprend à se servie d'un couteau ? Il ne voulait plus y penser, il voulait juste prendre l'air et se calmer, peut-être que les choses paraîtraient plus claires quand il se serait calmé.

Cassis eu bien du mal à comprendre la réaction du garçon. Elle l'observa mettre en bouillit un gros truc rouge avec un objet qui reflétait la lumière. Puis, il sortit, énervé pars elle ne savait quoi, et Rosa semblait ne pas en savoir plus qu'elle. Il claqua la porte tendit que Rosa lui disait de venir à table. Des assiettes fumantes étaient posées sur la table, et Rosa passait ses mains sous l'eau.

" Oui ?!demanda Cassis, ne sachant pas trop quoi faire. "

Elle portait toujours sa cape sur elle.

Rosa eu un sourire qui se voulait rassurant en voyant la petite fille complètement perdue, ne sachant pas quoi faire. Elle arrêta son regard sur la cape qu'elle portait toujours.

"- Tu peux la retirer et la poser quelque part si tu veux" lui dit-elle "tu risque d'avoir trop chaud sinon..."

Cassis laissa glisser sa cape dans ses mains, et la posa sur une chaise. La cape enlevé, elle ne portait comme habits qu'un misérable tee-shirt déchiré et un short en jean délavé. Elle regarda Rosa avec un regard interrogateur.

" Je fais quoi maintenant ? "

Rosa observa les vêtements de la petite fille avec une grimace, elle ne pouvait décemment pas la laisser comme ça mais elle n'avait rien qui pouvait aller à un enfant dans ses affaires...

"- Tu peux te laver les mains et venir à table maintenant" ajouta-t-elle en la voyant toujours indécise.

Elle ajouta un peu d'assaisonnement à son plat avant d'en servir une assiette à Cassis.

Cassis s'exécuta. Elle passa ses mains sous l'eau, mis du savon, frotta et rinça ses mains, comme elle avait vu Rosa le faire. Elle s'essuya les mains et s'assit sur une chaise. Elle regarda son assiette et demanda à Rosa.

" C'est quoi que tu as fait ? "

Rosa sourit et vint s'installer en face de la petite fille, se servant à son tour.

"- Ce sont des pâtes avec un accompagnement de ma spécialité" expliqua-t-elle ravie "goûte tu me dira si tu aime"

Cassis goûta. Ses yeux pétillèrent et elle continua l'assiette.

" C'est trop bon ! Tu cuisines trop bien ! "

"- Merci !" sourit Rosa

Ayant terminé son assiette un peu plus rapidement, elle laissa la petite fille à table pour aller vérifier son dressing, y cherchant si elle n'avait pas gardé des vêtements suffisamment court et petits pour les prêter à Cassis pour la nuit.

Cassis termina l'assiette, et rejoins Rosa à l'étage. Elle passa la tête par l'ouverture de la porte et dit :

" Tu fais quoi ? "

"- Je te cherche des vêtements pour la nuit" expliqua Rosa

Elle était presque essoufflée, des vêtements s'étalaient à présent dans toute la pièce et même sur elle. 

"- Tu peux aller prendre une douche en attendant si tu veux, c'est juste à côté" signala-t-elle à la petite fille lui montrant du doigt une porte juste en face.

Cassis cligna 3 fois des paupières devant le carnage qui entourer Rosa et qui s'offrait à ses yeux. Elle avança jusqu'à la porte d'en face. Elle entra dans la salle de bain. Elle se déshabilla. Elle entra dans la douche et observa les boutons et tout le reste.

" Rosa... Je fais quoi pour allumer ?! cria-t-elle "

Rosa finit par mettre la main sur une robe courte et rouge, parsemée de paillettes. Elle était pile poil à la bonne taille pour Cassis. Elle l'avait confectionné quelques mois auparavant pour une de ses élèves de patins mais celle-çi avait arrêté les cours avant qu'elle n'aie pu la lui offrir.
Elle rangea ensuite un à un les vêtements dans le placard et s'étala sur le lit, se reposant un peu.
Elle fut tirée de ses rêveries par Cassis qui ne s'en sortait pas avec les divers boutons que présentait la douche et alla l'aider. Après quoi elles allèrent toutes les deux se coucher.
Rosa laissa sa chambre à la petite et décida de s'installer au salon.

Elle mit un certain temps à s'endormir, se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir faire par la suite pour cette petite fille, et aussi pourquoi Aloïs n'était toujours pas revenu.

Rosa arriva et aida la petite fille à se laver et lui donna la robe courte. Cassis souhaita une bonne nuit à Rosa et elle s'installa dans le lit. Peu de temps après, elle ne dormait toujours pas. Elle avait peur dans le noir. Elle se leva et alla au salon.

" Rosa ? tu dors ? J'ai peur toute seule dans le noir... "

Rosa fut réveillée par un bruit au milieu de la nuit. Elle allait se rendormir, se disant qu'Alois s'était peut-être décidé à rentrer, lorsqu'elle entendit une voix de petite fille l'appeler.
Elle pris quelques secondes, ouvrant difficilement les yeux, avant de se rappeler de la situation.

"- Cassis ?"

Elle se redressa et trouva enfin la silhouette de la petite fille. Attendrie, elle lui demanda.

"- Je peux venir dormir avec toi si tu préfère ?"

Cassis se rapprocha du canapé. Elle hocha la tête, en souriant.

" Oui, je préfère s'il te plaît... "

Elle commença à monter à l'étage avec Rosa. Soudain, Cassis s'arrêta.

" Tu sais Rosa, si ton ami, il revient pas, et que c'est de ma faute, parce que je suis là, je repartirai... "

Rosa fut étonnée de la réplique de la petite fille, avait-elle perçu son inquiétude ? Elle se recomposa un sourire rassurant et répliqua, se remettant à monter.

"- Tu n'as pas besoin de repartir, mon ami est grand, il sais se débrouiller tout seul, c'est à lui de décider soi il préfère continuer de bouder ou rentrer au chaud"

Le fait d'avoir dit ça sur un ton léger la rassura un peu elle même. Alois n'était pas un enfant, il savait prendre soin de lui et elle n'avait aucun droit sur lui si il souhaitait repartir comme il était venu.