Marguerite et Leav marchaient doucement dans les allées bien entretenues. Personne, à part eux, se trouvaient dans le parc à cette heure ci. On n’entendait pas encore les cris des enfants qui jouent sur le toboggan, ou les aboiements du petit caniche que sa vieille maîtresse promène, ou les chansons des ivrognes qui viennent cuver leur vin sur un banc, ou les gloussements aiguës et les rires un peu roques des adolescents qui viennent passer un peu de temps dans ce parc après les cours... On entendait seulement le piaillement des oiseaux qui se réveillent, le clapotis de l'eau et le bruits des pas de nos deux étudiants. La fraîcheur du matin rendait l'instant d'autant plus magique.

Leav progressait doucement au côtés de sa flamme rousse, savourant la moindre bouffée d'air frais. Le parc était très calme, apaisant. Il se surpris à se laisser emporter un moment par la magie de l'instant, caressant la main de Magui dans la sienne.
La journée s' annonçait agréable, il allait pouvoir faire connaissance avec ces petits moutons égarés qu'il devrait prétendre ses camarades. 

"- Comment sont-ils ? Les gens ? À Mad Land ? Pas trop idiots j'espere ...." s' enquit-il

La première étape lorsqu'on est un prédateur, c'est de bien connaitre ses victimes. Et pour ca il faisait confiance à Magui.

Marguerite serrait la main de Leav tout en continuant à marcher lentement. Le bruit de ses talons hauts qui s'enfonçaient dans le graviers résonnait dans le silence matinal. La plupart des gens se demandaient comment elle arrivait à tenir debout perchée ainsi sur des échasses, de plus que Magui pourtant ses talons en toutes occasions. Elle réfléchis un instant, avant de répondre:

"- Je ne me suis jamais trop mélangée à eux, mais je sais à quoi m’en tenir sur leur compte. La plupart sont intelligents, parce que c’est tout de même une école de surdoués. Je pense aux enfants de l’ancienne directrice. Une femme bien comme il faut, cette directrice. Dommage qu'elle soit partie. Après, y'a ceux qui passent leur chemins s'en être sur le devant de la scène. Ceux là, je ne l'ai jamais fréquenté. Y'a aussi un loubard qui traine avec une fille aux cheveux violets, ils passent leur temps à cloper au lieux d'aller en cour. Il y a une petite blonde que je déteste. Tout le monde est à ses petits soins parce qu'elle plus sensible que les autres. Je crois que son nom c’est Aika. Je m'était engueulé avec elle, à cause du fils de la dirlo. Un jeune homme charmant qui a sauvé deux petites filles en détresse. Des enfants des rues. Après il y a les gens plus insignifiants..."

Leav laissait ses yeux se promener le long des courbes agréables de Magui, mise en valeur par ses talons hauts, se balançant de droite à gauche. Il n'en restait cependant pas moins concentré sur ce que lui apprenait la jeune femme.
Ses éloges pour le fils de la directrice ne l'intéressèrent pas plus que ça, bien qu'il ne soit pas étonné que Magui en parle comme d'une personne intéressante, ce n'était en général pas le type de proie le plus facile pour commencer une journée, trop connu, trop aimé pour que ça ne se remarque pas...Il fut d'avantage intéressé par la jeune blonde trop sensible mais lorsqu'il apprit que l'autre tournait autour, il décida de se la réserver pour plus tard.
Quand au jeunes délinquants...Il ne seraient probablement pas très intéressant à ennuyer...
Sa bonne humeur redescendit un peu sur le moment : il allait devoir chercher par lui même ses prochaines victimes. Mais il répondit cependant avec le même ton enjoué que son interlocutrice.

"- Il a l'air sympa ce garçon, il faudra que tu me le présente...Pour les autres...bah...on verra bien ce matin je pense"

Il repéra un banc non loin d'eux et se décida à y guider Magui.

Anny arriva au parc. A part deux jeunes sur un banc, le parc était vide. C'était mieux que ce qu'elle pensait. Elle se dirigea vers l'air de jeu qui se trouvait juste en face du banc où se trouvait les adolescents. Elle s'installa sur la balançoire, qui était vraiment en face du banc. Elle se balança, en regardant ses pieds...

Marguerite se laissa guider vers le banc par Leav. Mais contre toute attente, elle ne s'assit pas à côté de lui. Et s'installa sur ses genoux et passa un bras autour de son cou. Elle en profita pour se blottir contre son torse, et inhaler à plein nez son parfum. Elle alla commençait à lui susurrer quelques petites choses à l'oreille quand elle aperçut la petite fille arriver. C'était elle qui avait bousiller son dernier cour de philos. Et c'était elle, qu'Arthur avait décidé de protéger.  

"-Leav? Tu vois la gamine en face? C'était elle dont je te parlais tout à l'heure. L'enfant des rues. " murmura-t-elle.

Leav la laissa volontier s'installer sur ses genoux, glissant une main caressante sur ses cuisses et une autre contre sa nuque, la laissant profiter de lui comme bon lui semblait.
Il remarqua du coin des yeux une gamines aller s'installer sur une balançoire et n'eu pas le temps d'interroger Magui que celle-çi se chargea de la réponse. Une sdf ? Voilà qui pouvait devenir un jeu amusant, de plus contrairement à ce qu'il aurait pensé de Magui, celle-çi ne semblait pas l'apprécier plus que ça. Il chercha tout de même à confirmer sa première impression, il n'aurai pas fallu qu'il blesse son sucre d'orge dès le premier jour...

"- Tu n'as pas l'air de l'apprécier..." murmura-t-il

Anny sentit des regards posaient sur elle, elle se sentait observée. Elle releva la tête et reconnue la jeune femme. Elle continua de se balancer tout en regardant les jeunes gens....

Magui hocha la tête, affirmative. Elle se serra un peu plus contre Leav, plongeant ses yeux bleus dans le regard de Leav en disant:

"-Non, je ne l'aime vraiment pas. Elle avait bousillé le dernier cour de philo que j'avais assuré. Puis, le fils de la dirlo avait décidé de les cacher dans l'établissement. Cette gamine là, et sa petite sœur rousse."

Leav continuais de câliner Magui, un léger sourire s'étirant sur ses lèvres.

"- Dans ce cas tu ne vera pas d'inconvénient à ce qu'on l'invite à jouer à un petit jeu ?" demanda-t-il

Une idée fort amusante commençai à se forger dans sa tête.

Marguerite tournait et retournait une mèche de cheveux de Leav entre ses doigts.

"-Oui, on va bien s'amuser."

Leav aquiesça et resta encore assis un moment profiter des caresses de Magui avant de se décider.

"- C'est partit" chantonna-t-il

Il laissa à Magui le soin de se relever puis lui pris la main pour l’entraîner d'un pas léger jusqu'à la petite fille. Arrivant, sans un mot, il se saisit d'une des chaines de la balançoire pour la stopper net, face à lui.

"Bonjour" fit-il, un long sourire s'étirant sur ses lèvres.

Marguerite se mit doucement su ses pieds. Puis elle suivit Leav jusqu'aux jeux pour enfants. Lorsqu'il s'arrêta, elle passa un bras autour de sa taille avec des airs de propriétaires. Elle toisa la petite fille d'un œil dur, soudain plus que fière de ses beaux habits.

"- Tu te souviens de moi ?"

Anny qui ne quittait pas des yeux Magui et Leav les vit arriver vers elle. Le garçon qui lui était inconnu stoppa sa balançoire.

" Bonjour, dit Anny sans hésiter. Oui, ne me souviens de toi. Vous voulez quoi ? "

Leav continua de fixer la petite, imperturbable, tout en posant une main sur le bras possessif que Magui avait glissé autour de sa taille.

"-On ne dis pas "vous voulez quoi" on dit "que désirez-vous Ô honorables personnes ?" jeune impertinente" rectifia Leav amusé "Et on veut juste s'amuser, tu es partante pour jouer avec nous bien sûr ?"

Son ton ne laissait aucun refus possible tandis qu'il continuait de la toiser, une lueur de malice vicieuse dans le regard.

Anny toisa Leav d'un regard noir. Anny n'ajouta rien, juste un courte réponse.

" Oui, mais c'est quoi le jeu ? "

Prenant exemple sur Leav, Magui rectifia une nouvelle fois la petite fille:

"-Pas "c'est quoi le jeu" mais "Qu'est ce que c'est que ce jeu dont vous me parlez"

Anny se sentait beaucoup plus à l'aise pour répondre à Magui, qu'à Leav qu'elle ne connaissait pas. Elle lui répondit donc sans hésiter :

" Et pourquoi je devrais le dire de cette manière ? Je parle comme je veux ! Et votre jeu à l'air totalement nul ! Et toi aussi, finis par dire Anny en se tournant vers Leav, toi tu m'énerve autant qu'elle ! Vous m'énerver, vous avez l'air idiots comme ça, je m'en vais ?! "

Et non sans tirer la langue aux deux jeunes, Anny s'éloigna sur le sentier du parc, contente de leur avoir répondu, mais se demandant si il n'y aurait pas des représailles. Cependant, elle se retourna pour leur crier :

" En plus, évitez de donner des ordres à une petite fille qui est en pleine souffrance, parce que je peux vous dire que quand une fille de 11 ans voit sa petite sœur, presque littéralement mourir devant ses yeux, c'est horrible ! "

Les mots étaient sortis tout seul, et ils avaient éveillés la curiosité des jeunes gens...

La petite n'avait pas l'air du genre à se laisser faire et ça l'amusait d'autant plus. Magui semblait s'être prise au jeu elle aussi. Bref, Leav était ravis. Jusqu'à ce que la gamine mentionne sa sœur du moins. Leav n'avait jamais compris ce que pouvait être l'amour, et encore moins l'attachement familial. Sa famille n'avait jamais vraiment fait d'efforts pour lui, de son avis du moins, et il n'était pas non plus prêt à en faire en retour de toute manière. Néanmoins cette remarque l’irritait. Il ne supportait pas qu'on lui rappelle ce qu'il ne connaissait pas et ne connaitrait probablement jamais. Les sentiments. Ces choses répugnantes qui rendait les humains si vulnérables. 

"- La famille, c'est inutile" grommela-t-il "tu devrais être heureuse de t'en être débarrassée"

La voyant partir, fière de sa pseudo-résistance, Leav lui attrapa le poignet au vol et le maintint vers le haut, la faisant presque quitter le sol. Il la fit pivoter comme si elle n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon pour la remettre face à eux et abandonna à contre cœur la main de Magui pour venir lui relever le menton.

"- Où court tu comme ça on ne t'as même pas encore expliqué les règles" souffla-t-il

Si auparavant il n'était que joueur, cette fois il n'était que cruauté, et cela se sentait dans sa voix.

Anny se sentit saisit puis elle s'éleva du sol. Elle regarda Leav droit dans les yeux, et elle lui siffla :

" C'est ma sœur. Même si par moment elle m'énerve, c'est ma sœur, alors je l'aime, et je ne cesserai jamais de l'aimer. Tu n'as pas de cœur, toi. Alors, explique-moi voir les règles du jeu, s'il VOUS plaît. "

Magui approuva les dires de Leav comme quoi la famille était inutile. Elle détestait sa mère et son père, ainsi que toutes les personnes de sa famille. Toutes sauf une. Son frère.

Néanmoins lorsque Leav prononça sa dernière phrase de la cruauté perça dans sa voix. Marguerite de peur qu'il fasse vraiment du mal à la gamine, posa une main rassurante sur son poignet.

"-Lâche là, s'il te plait. Tu vas lui faire mal."

Puis elle se tourna vers la petite et ajouta sur un tout autre ton:

"- Parle sur un autre ton, jeune fille! On n'est pas tes larbins!"

Anny fusilla Magui du regard et lui lâcha :

" Et toi, t'es qui pour ma parler comme ça, hein ?! Bon, qu'elles sont ces règles dont vous me parlez, leur dit Anny pour pouvoir enfin savoir à quoi ils voulaient jouer. "

Leav sentit une main douce se glisser autour de son poignet, Magui semblai s'inquiéter de la cruauté dont il était capable. Il inspira doucement et desserra sa prise sur la gamine, la laissant toucher à nouveau le sol.

"- Parle plus gentillement à ma copine s'il te plait, je ne suis pas aussi doux qu'elle comme tu as pu le remarquer" lui glissa t il à l'oreille, dans un murmure menaçant.

Puis il s'écarta comme si de rien était, enlaçant Magui par la taille et reprenant son ton joueur.

"- Les règles tu demande...eh bien...C'est une sorte de cap pas cap, si tu nous divertit assez, je te laisserai continuer de squatter notre école sans trop te chercher d'ennuis, si tu nous ennuie, je m'assurerai que toi et ton adorable sœur - si elle survit - ne puissiez plus vous loger nulle part" déclara-t-il tout sourire

Ma copine? Magui faillit fondre littéralement. Constatant avec soulagement que Leav laissa la petite fille touchait le sol, Marguerite se détendit.
Elle observa d'un coin de l’œil la gamine pour jauger sa réaction, tout en se serra amoureusement contre Leav. L'air était froid, et elle était bien heureuse de se trouver dans les bras de Leav pour se réchauffer.

"- Je te préviens ma chérie, nous sommes exigeants et intransigeants." ajouta-t-elle pour compléter les dires de Leav.

Puis elle se tourna vers lui et lui murmura à l'oreille de sorte à ce que la petite n'entende pas:

"-Et nous, on va jouer nous aussi?"

Anny ne voulant pas se faire rejeter avec sa sœur, s'écria naïvement.

" D'accord, d'accord, je ferai de mon mieux ! "

Puis elle ajouta.

" Allez on commence. "